Changement d’ampleur des élections municipales 2020 par rapport à celles de 2014 : la récurrence des termes de démarche participative, de dialogue citoyen et de participation citoyenne au cours de la campagne. Dans le même temps, les candidats inscrits font face à un mur de critiques vis-à-vis de la démocratie représentative (manque de transparence et d’inclusivité, détachement des professionnels de la politique des réalités et besoins auxquels font face les Français).
Ces élections se font alors l’écho du changement : un avant et un après dans lequel les habitants seront davantage écoutés et inclus dans le processus de prise de décision. Les citoyens ne se satisfont plus d’un vote tous les 6 ans pour légitimer les décisions d’un élu ou d’un projet. Ils attendent des 500 000 conseillers municipaux qui seront élus une démocratisation et une amélioration du système de gouvernance, notamment locale. Ce tournant s’inscrit dans une démocratie dite plus participative, autrement dit dans un rapport entre les collectivités territoriales et leurs administrés basé sur la concertation et la co-construction de la ville de demain.
En 2019, 63% des Français, interrogés dans un sondage mené par Opinion Way, déclarent que leur vote dépend davantage du projet plutôt que du parti (14%) ou du profil des candidats (23%). Coproduire un programme avec les électeurs revenait alors à permettre à ceux-ci de faire un choix d’autant plus argumenté, accepté et structuré.
L’envolée du nombre de listes citoyennes candidates aux élections municipales n’ont fait que confirmer la tendance de fond : casser les codes habituels. Nous avons voulu faire de même en proposant l’utilisation de nos outils numériques de participation citoyenne pour ce temps politique fort.
Cette offre revenait à favoriser la co-construction des programmes des candidats pour :
La particularité de nos outils ? Tous nos modules sont intégrables dans n’importe quel site internet ou intranet ! Un avantage considérable valorisé par nos clients qui ont consulté les habitants directement sur leur site de campagne.Quatre listes ont fait appel à nos services : “J’aime Ronchin”, “Mériel Horizon”, “Berjalliens, allons plus loin” et “Ensemble pour Bondues”. Une autre demande plus particulière de la part du collectif “Pays de Lorient en Transition” nous a poussés à les accompagner : organiser une démarche participative à l’approche des municipales 2020 pour faire remonter les propositions citoyennes auprès de tous candidats qui souhaitent s’en saisir. Parmi les membres du collectif, une partie d’entre eux se sont réunis sur la liste Lorient en Commun.
Les listes que nous avons suivies se sont appropriées nos outils pour des usages variés pour construire un programme électoral. Ce dernier devait être fondé sur l’expertise d’usages des habitants et leurs ambitions pour le futur de leur commune. Dans un premier temps, une partie des listes a réalisé un diagnostic de territoire. Par exemple, le questionnaire de “J’aime Ronchin” a laissé la parole aux Ronchinois pour exprimer ce qu’ils pensaient de Ronchin et leurs attentes.
L’organisation d’une démarche participative visait également à identifier les attentes des habitants et à leur proposer un espace d’expression. Que ce soit par l’outil de questionnaire en ligne ou par un appel à idées, les listes ont affiché une volonté de penser un programme adapté et pertinent qui repose sur le vécu des habitants. La liste de Bondues a avant tout élaboré un questionnaire de sorte à comprendre les points d’accord et de dissension sur les éléments du programme en cours d’écriture. Quant à la liste “Berjalliens allons plus loin”, elle a adopté une stratégie similaire et a recueilli 109 contributions toutes thématiques confondues.
La phase de diagnostic a, par la suite, cédé à une phase d’idéation de sorte à laisser libre cours à l’inventivité et l’initiative. Ainsi, l’ensemble des listes s’est appuyé sur l’appel à idées et sur la carte participative afin d’élaborer le programme de manière collaborative. Par exemple, les listes de Ronchin, Mériel et du Pays de Lorient en transition ont, pour chacune d’entre elles, 100 à 200 contributions numériques. En complément, des ateliers participatifs, des réunions publiques ou des réunions dans les cafés ont été organisés.
Comme mentionné précédemment, le cas du collectif du Pays de Lorient en Transition est particulier. Il s’agit bien d’une démarche participative menée dans la perspective des élections municipales 2020. Cependant, elle ne peut être réduite à cet objectif. Le travail de terrain et sur le numérique du collectif a abouti à la collecte de 200 idées regroupées en 40 propositions concrètes reprises librement par les candidats aux municipales.
Abordons maintenant une position un peu plus analytique de cette co-écriture des programmes électoraux. Avant de commencer, nous tenons à préciser que notre retour sur cette expérience repose essentiellement sur notre analyse des données numériques et des informations échangées avec les clients au cours de notre accompagnement. De fait, notre retour d’expérience ne s’appuie pas sur la démarche organisée sur le terrain.
Le faible nombre de participants d’abord. Le nombre ne fait pas tout car il n’assure pas la représentativité des participants ou la qualité des contributions mais il reste un indicateur important. Nous nous sommes alors questionnés sur cette inhabituelle faiblesse. L’équipe de ConsultVox travaille principalement avec des collectivités territoriales qui mettent en œuvre ses outils dans une démarche participative adressée généralement aux habitants à l’échelle d’un îlot de vie, d’un quartier, d’une ou plusieurs communes. Or, le profil de nos participants dans le cadre des élections se retrouve changé. Bien que l’espoir des candidats portait sur une consultation élargie, nous ne nous adressons plus à l’habitant mais au militant. Cette distinction est cruciale. Le public cible est alors plus restreint. La consultation tend à s’adresser de fait aux militants dotés d’affinités politique particulières (en lien avec la liste concernée) et à leur proposer de participer au-delà du vote.
Une seconde contrainte s’est imposée selon nous à la démarche : la temporalité particulière des élections municipales. Les campagnes électorales se construisent en moyenne à compter d’un an avec le scrutin. Or, la particularité de cette élection veut que les habitants commencent à s’informer un à deux mois avant le scrutin. Il nous semble alors que la communication et la mobilisation des personnes sur l’élaboration participative d’un programme électoral se trouvent conditionnées à ces contraintes temporelles. De ce fait, elles tendent naturellement à toucher les personnes dotées d’un profil plus militant.
Une démarche participative repose sur deux piliers : un projet de concertation et une communication engageante. La collectivité territoriale est, dans la majorité des expériences participatives, l’initiatrice. Les moyens de communication reposent donc sur ceux existants et inhérents à l’institution. Or, dans le cadre des élections municipales, l’effort de mobilisation s’avère plus ardu face à l’inégalité d’accès des candidats aux moyens de communication en fonction de la zone géographique, des soutiens financiers et des compétences.
Enfin, notre expérience au cours de ces municipales 2020 nous a révélé une chose. Le succès du collectif du Pays de Lorient en Transition montre la capacité des acteurs intermédiaires (associations et collectifs citoyens) pour aller chercher les citoyens et les mobiliser. Ceci nous invite à penser au renforcement du rôle de ces acteurs relais qui s’auto-organisent dans les démarches participatives.
Le candidat que je suis détermine l’élu que je veux être.
– Tribune de Démocratie Ouverte, « Une campagne électorale participative : comment aller plus loin », La Gazette des Communes
En dehors de la question de l’impact effectif des contributions sur l’élaboration du programme électoral, il s’agissait, avant même qu’un quelconque mandat soit obtenu, de donner la possibilité aux candidats de faire passer un message à ses électeurs. Celui qui inverse la tendance. La participation des militants intervient pendant l’élaboration de propositions au lieu de voter pour ou contre un programme déjà élaboré. Il implique une redistribution d’une forme de pouvoir d’agir aux militants en renouant un dialogue avec la “base”. L’élaboration participative des programmes électoraux démontre aussi une capacité des professionnels politiques à adopter une conception moins verticale du fonctionnement démocratique au profit de l’inclusion des habitants dès le début d’une relation qui sera, éventuellement, celle d’un élu avec ses administrés.
Ce bilan mitigé est une démonstration que la participation citoyenne est un apprentissage d’une nouvelle forme d’engagement. Qui dit apprentissage, dit expérimentation avec ses loupés et ses succès. La production participative du programme électoral à l’aube des élections municipales 2020 doit avant tout symboliser une première expérience de dialogue citoyen qui posera les jalons d’une gouvernance participative locale. Cette aventure avec nos outils peut annoncer le début de la création d’une instance participative pérenne au service du quotidien des habitants.
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